Sous le charme des théières en fonte japonaises
Les théières en fonte japonaises vous font de l’œil ? Ces « belles » qui charment nos tea-time sont d’excellents instruments à préparer du thé… Avec leurs formes éclectiques, leurs ornements finement travaillés et leurs couleurs attrayantes, elles sont autant des objets usuels que de décoration. Placez-les à côté d’un vase de fleurs coupées et elles vous offrent un joli tableau japonisant en attendant leur prochain service.
Dérivées des bouilloires japonaises, ces théières sont des créations récentes, destinées à répondre à notre attrait pour les beaux objets japonais et à la manière occidentale de préparer le thé en vrac ou en infusettes.
Un peu d’histoire
À l’origine de nos théières actuelles étaient les bouilloires en fonte développées pour la cérémonie du thé japonaise au XVIe s. Elles sont appelées “tetsubin – 鉄瓶” qui signifie littéralement “chaudron en acier”.
Elles sont fabriquées artisanalement en faisant couler de la fonte en fusion dans des moules d’argile qui ont préalablement été gravés de leurs motifs dans leur partie intérieure.
Ces moules peuvent être à usage unique pour certaines bouilloires de « maîtres » et peuvent nécessiter des mois de fabrication. La fonte employée traditionnellement était fabriquée à partir du même sable ferrugineux (satetsu – 砂鉄) qui servait à l’élaboration de l’acier des katanas de samouraïs (tamahagane – 玉鋼).
Aujourd’hui cette fonte est devenue très rare, mais la particularité essentielle de la tetsubin est de rester brute et poreuse.
L’eau, pendant qu’elle chauffe, rentre alors en interaction avec les parois de la bouilloire et cela permet à celle-ci de se charger en oligo-éléments (dont le fer), mais aussi de rendre cette eau plus apte chimiquement à capter les arômes volatiles des feuilles de thé quand elle est versée dans la théière. De ces nobles bouilloires, toujours fabriquées, mais dont les prix sont souvent astronomiques, ont été dérivées les actuelles théières en fonte émaillée.
Des théières inspirées
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’origine des théières en fonte japonaise avec revêtement intérieur est très récente, puisqu’elles firent leur apparition au XXe siècle.
Leur apparence, emblématique de l’esthétique japonaise qui fascine l’Occident depuis le XIXe siècle (on pense ici aux estampes qui ont inspiré les peintres impressionnistes) s’est mise au service de notre manière de déguster le thé.
Elles ont été créées pour répondre à une demande des consommateurs occidentaux qui aiment préparer leur thé en grande quantité et apprécient de pouvoir facilement le garder au chaud. Leur fabrication est très proche de celle des tetsubin, avec l’emploi d’un moule en terre cuite.
La différence ? L’application d’une couche d’émail supplémentaire à l’intérieur des théières qui empêche leur oxydation et les rend non poreuses. Totalement neutre, elle n’influe pas sur le goût du thé et s’emploie à la manière d’une théière en porcelaine, mais avec la capacité de conserver la chaleur en plus.
Cet émaillage permet ainsi d’infuser tout type de thés sans effet de mémoire, mais surtout facilite grandement leur entretien.
Quelques précautions avec les thés fragiles
Ce type de théières peut s’employer avec tous types de thés. Toutefois avec les thés blancs, les thés verts et les thés jaunes on veillera à ne pas employer une eau trop chaude et à retirer les feuilles de thé dès le temps d’infusion passé voire même un peu avant. Autrement, ces dernières risquent d’être “brûlées” et de faire remonter leur amertume.
Longue vie à vos théières
Bien entretenus, les objets en fonte émaillée sont capables de traverser des générations. Dans le cas de nos théières, il convient avant tout de ne jamais s’en servir comme bouilloire, mais uniquement comme théière en y ajoutant des feuilles de thé et en versant de l’eau préalablement chauffée. Évitez aussi d’employer des détergents ou du liquide vaisselle pour nettoyer votre théière. Rincer votre théière en fonte à l’eau chaude suffit amplement.
Vous pouvez aussi passer un chiffon doux sur ses parois pendant qu’elle est encore tiède afin de garder son lustre.
Mais le plus important est de ne pas remettre le couvercle tant qu’elle n’est pas totalement sèche, pour éviter toute oxydation. L’idéal est ensuite de l’entreposer sans leur filtre, avec le couvercle à moitié ouvert, afin de la laisser “respirer”.
Au fil du temps, ces fascinantes théières prendront une patine qui les rendra de plus en plus belles et attachantes dans la pure philosophie “wabi-sabi”.
C’est un peu de l’art de vivre à la japonaise que vous ferez rentrer dans vos dégustations ou de vos tea-time…
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